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La France est bien mal placée pour donner des leçons de gestion budgétaire, avec un déficit sans cesse révisé à la hausse, qui devrait atteindre – au moins – 5,6 % du PIB cette année. C’est d’autant plus insatisfaisant que le résultat économique est très médiocre et que la qualité des services publics se dégrade.
Paradoxalement, un autre pays n’est pas en mesure de donner des leçons budgétaires en Europe : l’Allemagne, qui fait l’erreur inverse. Rarement l’argument pour présenter un grand plan de relance n’a été aussi clair. Voilà un pays en stagnation, au modèle économique structurellement affaibli, mais dont les finances publiques sont saines (1,9 % de déficit prévu cette année, 63 % de dette). Il s’agit d’un cas d’école parfait pour augmenter les dépenses publiques.
Politiquement, il n’en est pourtant pas question. Le ministre des finances, Christian Lindner (Parti libéral-démocrate, FDP), refuse de desserrer les cordons de la bourse. Il a la Constitution avec lui : en 2009, l’Allemagne a commis la regrettable erreur d’introduire dans sa loi suprême l’obligation d’un quasi-équilibre budgétaire, avec un déficit structurel maximum de 0,35 % du PIB, sauf en cas de récession. Le gouvernement a tenté de contourner la règle en créant des fonds à part, notamment sur la transition verte. La Cour constitutionnelle a interdit cette approche en novembre 2023. La situation est bloquée, et il faudrait une majorité des deux tiers au Parlement pour retirer la règle du frein à la dette. Impossible en l’état actuel des forces politiques.
« C’est une erreur historique, s’agace Isabella Weber, économiste à l’université du Massachusetts. Cette politique budgétaire a joué un rôle-clé dans la reprise économique médiocre du pays [après la pandémie]. » Depuis le quatrième trimestre 2019, la croissance allemande a été inexistante, à seulement 0,3 %, loin de la France (3,8 %), et surtout des Etats-Unis (9,4 %).
L’absence de plan de relance est d’autant plus dommageable que la crise économique allemande n’est pas passagère. « Il y a une partie conjoncturelle, bien sûr, mais l’Allemagne est en stagnation depuis 2018, sa productivité ne progresse pas, sa démographie est en déclin et il y a un sous-investissement chronique du secteur privé comme public », note Nils Redeker, codirecteur du Centre Jacques-Delors à Berlin, un groupe de réflexion. A cela s’ajoutent des secteurs-clés qui vont mal, notamment l’automobile, en proie à une transition difficile vers les véhicules électriques.
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